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Il est à peine plus de 9 heures ce matin d’été et, sous le chant des cigales, Lina, Shemssig et Bayan sautent dans le bassin installé sur le terrain de l’Ecole nationale de police de Nîmes. Les fillettes enchaînent quelques brasses avant de se rapprocher du maître nageur, Christophe Pellé pour suivre ses consignes. « On commence par faire la tortue, l’étoile de mer… Mettez la tête sous l’eau, soufflez dans l’eau… » Au troisième jour de leur stage, la plupart des jeunes n’ont plus aucune appréhension de l’eau et se prêtent aux exercices sans difficultés.
Pendant deux semaines, cent soixante enfants âgés de 4 à 11 ans issus des quartiers défavorisés de la cité gardoise ont participé gratuitement à ces ateliers, à l’initiative du Club subaquatique des pompiers du Gard (CSPG). Pour la première fois cette année, les stages ont eu lieu dans un endroit habituellement fermé au public : l’Ecole nationale de police de Nîmes, une des plus grandes de France, qui forme 65 % des nouveaux gardiens de la paix.
« Depuis plus de dix ans, nous organisons tous les étés des séances de lutte contre les noyades. Mais il est de plus en plus difficile de trouver des bassins disponibles, les piscines sont vieilles, elles ne sont plus adaptées ou ça coûte trop cher… D’où l’idée d’un bassin mobile », explique le président du CSPG, Samuel Mathis pour qui l’école de police s’est imposée. « C’était, à nos yeux, tout un symbole d’y organiser ces stages », poursuit-il.
Selon Santé publique France, qui mène des enquêtes sur le sujet tous les trois ans, mille quatre cent quatre-vingts noyades accidentelles ont été enregistrées en France en 2021 (tous âges confondus), dont 27 % ont conduit à un décès. Cela représente la troisième cause principale de décès par traumatisme non intentionnel, un problème majeur de santé publique, selon l’Organisation mondiale de la santé. « La noyade, c’est insidieux, ça ne fait pas de bruit, ça ne se voit pas, mais ça détruit des familles », explique le vice-président du CSPG, Olivier Jamann.
« L’objectif n’est pas de faire des jeunes des sportifs de haut niveau, mais il est indispensable qu’ils sachent se débrouiller dans l’eau, estime Christophe Pellé. A Nîmes, nous sommes dans une région où il fait chaud, la mer n’est pas loin, les rivières non plus… et on sait que de nombreux enfants des quartiers prioritaires n’ont pas accès aux bassins pour y apprendre à nager. »
La piscine hors sol, de 10 mètres de long par 5 mètres de large, a trouvé sa place sur un ancien court de tennis. Près de trente bénévoles sont mobilisés pour le projet. Toute la journée, les groupes d’enfants se succèdent. Les plus jeunes, de 4 à 6 ans, suivent le dispositif baptisé « aisance aquatique », instauré en 2019 par la ministre des sports, Roxana Maracineanu, pour favoriser l’apprentissage de la natation et qui devrait faire l’objet de séances durant le temps scolaire. Les enfants n’ont pas pied et ne disposent d’aucune aide à la flottaison, ni brassards ni frites. « Ce programme, récent, a fait ses preuves », déclare Christophe Pellé, convaincu.
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